Autisme : la piste du chlore et de l’hormone de l’accouchement

Magazine santé, les dossiers Santé

Magazine santé, les dossiers Santé

Autisme : la piste du chlore et de l’hormone de l’accouchement

Le mardi 11 février 2014 à 19:15
Autisme
  • Des travaux expérimentaux chez la souris confirment l’hypothèse selon laquelle les patients atteints d’autisme garderaient un taux de chlore anormalement élevé dans leurs neurones après la naissance. Ces résultats valident également le succès d’un traitement par diurétique (pour réduire le chlore dans les neurones) testé chez des enfants autistes en 2012.

Durant la phase embryonnaire, les neurones ont des taux élevés de chlore, ce qui a pour effet indirect (via un neuromédiateur, le GABA) d’exciter les neurones et de faciliter la construction du cerveau. À la naissance, le chlore diminue avec la maturité cérébrale. Or on s’est aperçu que dans le cas de certaines maladies cérébrales (épilepsies infantiles, trauma crâniens…), les niveaux de chlore restaient anormalement élevés. Des chercheurs ont alors émis l’hypothèse qu’il pouvait en être de même chez les patients autistiques. C’est ainsi qu’ils ont réalisé une expérimentation en 2012 consistant à administrer à des enfants autistes un traitement diurétique pour faire baisser le taux de chlore neuronal. Les symptômes autistiques se sont améliorés, mais restait à démontrer l’implication réelle du chlore dans l’autisme. C’est aujourd’hui chose faite avec cette nouvelle expérimentation démontrant que chez les souris atteintes d’une forme d’autisme, le taux de chlore dans les neurones demeure à des taux trop élevés. Par rapport à des souris normales, les taux ne diminuent pas après la naissance, sauf si l’on administre à la mère un diurétique peu avant l’accouchement. Grâce à ce traitement anténatal, les activités cérébrales sont quasiment restaurées, ce qui corrige le comportement “autiste” chez l’animal une fois devenu adulte.

Ces chercheurs de l’Inserm ont également montré que l'ocytocine (hormone qui déclenche le travail de l'accouchement) agit elle aussi comme un diurétique et induit une baisse du taux de chlore à la naissance. Ils ont réussi à reproduire un syndrome autistique chez des souris nées de mères à qui l’on a injecté juste avant l’accouchement une molécule qui bloque les signaux de l’ocytocine.

En conclusion, moduler le taux de chlore au moment de la naissance peut permettre de contrôler l’expression du syndrome autistique. Les études doivent se poursuivre pour confirmer cette relation, laquelle pourrait déboucher sur une prévention de l’autisme.

Par Dr Philippe Presles le 11 Février 2014, Source:
Tyzio R. et al., Science, 7 février 2014, DOI : 10.1126/science.1247190.
Crédit image : Fotolia.com © elisabetta figus


A LIRE AUSSI :

Trouvez votre conseiller

Rechercher

Ma santé facile


Expérimenté(e) ou jeune diplômé(e),
découvrez vos opportunités de carrière.