Une anomalie visuelle pour expliquer la dyslexie ?

La dyslexie est un trouble spécifique de l’acquisition de la lecture et de l’orthographe. Elle s’explique par une difficulté toute particulière pour conceptualiser les sons, les associer aux lettres correspondantes et les mémoriser.

La dyslexie peut être plus ou moins sévère selon les cas. Elle a aussi plusieurs formes (visuelle, auditivo verbale, etc.) qui ne donneront pas les mêmes soucis. Dans la forme la plus fréquente, les enfants ont du mal à établir la relation entre les lettres et un son. Mais parfois, c’est plutôt la forme de la lettre qui est mal reconnue, soit en raison de difficultés à focaliser l’attention sur les lettres et les mots, soit en raison de troubles oculomoteurs. La nouvelle découverte de physiciens Rennais pourrait apporter une solution, au moins pour certains dyslexiques …

Des récepteurs de la lumière au niveau du fond d'œil, impliqués
Selon ces deux physiciens de Rennes, ces récepteurs situés dans la fovéa n'ont pas la même forme dans l'œil directeur et dans l'autre œil, alors que chez certains dyslexiques, oui. Cette asymétrie aurait un rôle : elle permettrait au cerveau de mieux choisir l'image à garder entre les deux signaux qu'il reçoit - celui de l'œil directeur qui lui donne une image nette et conforme de la lettre et celui de l'autre œil qui lui donne une image floue, en miroir, dont il ne tiendrait pas compte. Grâce à cette différence entre les deux yeux, le cerveau ne pourrait pas confondre un « b » avec un « d » par exemple. Mais pour les dyslexiques chez qui cette différence n'existerait pas, le cerveau n'arriverait donc pas à choisir entre les deux images reçues.

Une lampe stroboscopique pour supprimer l'image en miroir
Les deux physiciens auteurs de la découverte ont alors imaginé un stratagème pour atténuer la perception de l'image en provenance de l'œil non directeur et qui induit le cerveau en erreur. Il s'agit d'une lampe stroboscopique (qui clignote à une certaine fréquence). Essayée auprès de 30 étudiants dyslexiques, elle a permis d'obtenir des résultats encourageants.

Et maintenant ?
Il reste à déterminer pour quels dyslexiques cette découverte pourrait être utile (30 étudiants dans une étude, c'est trop peu) et à mettre au point une lampe capable de reproduire les effets de celle utilisée dans cette étude, si d'autres résultats confirment son intérêt. C'est en tout cas une preuve de plus que l'enfant souffrant de dyslexie ne met pas de la mauvaise volonté à lire et écrire en faisant de nombreuses fautes et que les professeurs qui le pénalisent pour cela ont tout faux.

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The Royal Society Publishing : «Left right asymmetry of the Maxwell spot centroids in adults whitout and with dyslexia», Albert Le Floch, Guy Ropars, 18/10/17, http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/284/1865/20171380.
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