Autisme : risque accru avec les prise d'antidépresseurs pendant la grossesse

Certains antidépresseurs, en particulier les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, augmenteraient très significativement le risque d'autisme chez l'enfant à naître lorsqu'une femme enceinte en prend au cours des deuxième et troisième trimestres de sa grossesse, alors que le cerveau de son futur bébé est en plein développement. Après un anti-épileptique comme la Dépakine, accusé récemment d'être tératogène, cette nouvelle étude pose clairement le problème de la toxicité des médicaments chez la femme enceinte.

Les dossiers de 145 456 enfant suivis pendant dix ans, passés au crible

Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs de l'Université de Montréal ont compilé les données d'un très grand nombre de dossiers médicaux concernant des femmes enceintes et leur enfant, ce qui donne une bonne puissance statistique à leur étude. Ils ont ainsi établi un lien entre la prise d'antidépresseurs au cours des deux derniers trimestres de la grossesse et l'augmentation très nette du risque d'autisme chez l'enfant. Le risque d'autisme était quasi doublé (augmenté de 87 %) avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. La sérotonine étant impliquée dans la division cellulaire, la migration des neurones, la création des synapses (liens) entre les cellules du cerveau, etc., les auteurs de l'étude y voient un possible lien de cause à effet.

Jusqu'à 10 % de femmes enceintes en dépression

La dépression étant une maladie potentiellement grave puisqu'elle peut conduire au suicide, il n'est pas question de laisser les femmes enceintes concernées sans solution. Déjà, il existe d'autres classes d'antidépresseurs que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Ensuite, la prise en charge psychologique a aussi montré son intérêt dans cette indication. Enfin, en cas de dépression sévère, la sismothérapie (électrochocs) est une alternative intéressante chez les femmes enceintes : c'est une technique bien rôdée (avec un bon niveau de preuves), qui améliore l'état de 80 % des personnes y ayant recours et qui est très bien tolérée, hormis des troubles de la mémoire transitoires. Un courant électrique très léger - bien inférieur à celui utilisé lors d'un choc cardiaque pour faire repartir le cœur par exemple -est envoyé dans le cerveau afin de créer une crise convulsive très brève, qui s'arrête en 25- 30 secondes. Les mécanismes mis en place par le cerveau pour stopper la crise convulsive ainsi déclenchée ont des vertus réparatrices -en favorisant la repousse des neurones et des synapses, permettant à des circuits de fonctionner à nouveau normalement- et c'est cet effet antiépileptique naturel qui est recherché.

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Jama Pediatrics : «Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum Disorder in Children», A. Berard et al., 14/12/15 : archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2476187.
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