Nutri-Score: inquiétudes quant à l'avenir de l'étiquetage de qualité nutritionnelle

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Nutri-Score: inquiétudes quant à l'avenir de l'étiquetage de qualité nutritionnelle

Nutri-Score: inquiétudes quant à l'avenir de l'étiquetage de qualité nutritionnelle

Le Nutri-Score, conçu par des spécialistes de la nutrition, classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels
Le Nutri-Score, conçu par des spécialistes de la nutrition, classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels

L'association de consommateurs Foodwatch et l'un des concepteurs du Nutri-Score ont fait part vendredi de leurs inquiétudes quant à la mise en place d'une nouvelle version de cet affichage d'information nutritionnelle, après des déclarations critiques de la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.

Cet étiquetage qui classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels a été conçu par des spécialistes de la nutrition et mis en place en 2017 en France, sur la base du volontariat. Il s'est fait une place assez importante dans les rayons des grandes surfaces et une poignée de pays européens l'ont à leur tour adopté.

Dans une étude qualitative réalisée par Santé publique France et Kantar Public auprès de 71 personnes et publiée en novembre 2024, les sondés jugeaient l'indicateur "facile et rapide à utiliser" et était notamment utile pour "les produits transformés" comme les plats préparés, car les consommateurs se sentaient "incapables d'(en) évaluer eux-mêmes la qualité".

Un nouveau mode de calcul, plus sévère avec les produits transformés par l'industrie agroalimentaire pour tenir compte de travaux scientifiques plus récents, nécessite un arrêté gouvernemental pour entrer en vigueur en France.

Il avait été avalisé par de précédentes équipes gouvernementales mais la ministre actuelle de l'Agriculture, Annie Genevard, a assumé le fait de bloquer la publication de cet arrêt cette semaine. Interrogée au Sénat, elle a indiqué: "l'arrêté est à ma signature. Je n'ai pas encore signé. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manoeuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m'y intéresse de très près".

- "Magnifiques salaisons françaises" -

L'élue du Doubs, fief du fromage Comté et des saucisses de Montbéliard ou de Morteau, reproche à l'indicateur de donner une mauvaise note aux produits "remarquables" du terroir ou issus des "magnifiques salaisons françaises", fromage et charcuterie notamment.

Pourtant, "le Nutri-Score ne dit pas qu'il ne faut pas consommer les produits, il rappelle que certains produits qui sont très gras, très sucrés, très salés, doivent être consommés en petites quantités, pas trop fréquemment", a expliqué à l'AFP Serge Hercberg, professeur de nutrition et concepteur de cet étiquetage largement plébiscité par les spécialistes.

"L'interdiction des publicités pour des produits gras sucrés salés (PGSS), l'étiquetage nutritionnel et la taxation des boissons sucrées sont les politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l'obésité", selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) de juillet 2024.

L'association de défense des consommateurs Foodwatch a de son côté jugé "irresponsable" la déclaration de la ministre, qui "se fait la porte-voix des arguments des lobbies laitiers et bloque une mesure de santé publique attendue et prête depuis un an", selon Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch.

- Coût des maladies chroniques -

L'association a adressé, avec la fédération d'associations de patients France Assos Santé et le Réseau Action Climat, une lettre ouverte au Premier ministre François Bayrou vendredi.

"Il n'est plus possible de faire reposer la responsabilité des maladies chroniques liées à une mauvaise alimentation sur la seule responsabilité des consommateurs, alors même que ces derniers n'ont pas accès à une information claire et neutre sur ce qu'ils achètent et consomment", écrivent-ils.

Les "maladies liées à la nutrition", comme l'obésité (multipliée par 4 depuis 1997 chez les 18-24 ans pour atteindre 9,2% en 2020), le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l'hypertension ont "un coût humain et également un coût social et un coût économique extrêmement important", déplore M. Hercberg.

La ministre de l'Agriculture "ne sait peut-être pas qu'il y a une épidémie mondiale d'obésité", et "son refus d'un indicateur basé sur la science est consternant", a déploré la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier sur X.

Interrogé vendredi, le ministère de la Santé français a indiqué que Catherine Vautrin avait "déjà exprimé sa position", en l'occurrence qu'elle était "extrêmement vigilante sur les Nutri-Scores" et qu'il fallait "aller plus loin sur le sujet".

La Commission européenne, décisionnaire en matière d'information obligatoire aux consommateurs, a réitéré récemment "continuer à travailler" sur une solution consensuelle d'étiquetage nutritionnel qui ne soit pas le Nutri-Score, auquel sont opposés de grands industriels, certains secteurs agricoles et le gouvernement italien.

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Par Corentin DAUTREPPE et Rébecca FRASQUET, © 2025 AFP


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